mercredi 25 février 2009

Apres la "Crise" ...

Nous vivons la fin du modèle économique du capitalisme industriel et spéculatif, construit artificiellement sur le mythe de la croissance et sur l'addiction consommatoire. Ce modèle n'est plus viable. la "crise" le démontre chaque jour. Un nouveau modèle économique global doit émerger d'urgence, dont nous donnons ci-après les très grandes lignes.


N'y revenons plus : nous ne vivons pas une "crise" ; nous vivons la fin d'un modèle économique et, partant, la fin d'un modèle sociétal et culturel.

Une mutation paradigmatique comme celle-ci, procède de deux mouvements : sortir de l'ancien paradigme qu'il faut quitter aussi vite que possible, entrer dans le nouveau paradigme qu'il faut encore largement inventer.

On me permettra de faire très court sur les trois premiers paragraphes afin de pouvoir m'étendre un peu plus sur la suite.


Les enjeux


Il faut distinguer les trois dimensions de la "crise" actuelle.

La dimension écologique : il y a un déséquilibre catastrophique entre ce que l'humanité prélève et ce que la Nature parvient encore à reconstituer.

La dimension économique : le déséquilibre entre économie réelle et économie virtuelle est immense et les endettements des ménages et des Etats sont faramineux et délétères.

La dimension sociétale : l'effet de morcellement joue à plein et la mosaïque résultante induit des tensions de rupture graves et violentes.


La cause


La rupture radicale que nous vivons n'est que la suite naturelle d'une logique déliquescente qui s'est accélérée depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

Cette logique a induit les sept péchés capitaux du XXème siècle :

1- Avoir fait croire aux pauvres qu'ils peuvent vivre comme des riches.

2- Avoir fait croire que l'on peut consommer le beurre et dépenser l'argent du beurre.

3- Avoir fait croire que l'on peut prélever dans la Nature plus qu'elle ne peut renouveler.

4- Avoir fait croire à la majorité humaine qu'elle n'est pas si stupide que cela.

5- Avoir fait de la facilité, la finalité et la modalité de tout.

6- Avoir imposé des valeurs chrétiennes au rang de valeurs universelles.

7- Avoir prétendu que le bonheur des hommes puisse être décrété, fabriqué et apporté de l'extérieur.


Les axes du futur


Pour sortir de nos impasses actuelles, trois axes de fond appellent action :

1- Sauver la planète

2- Décroître l'économie matérielle et les endettements

3- Développer les économies immatérielles et démonétisées

Examinons cela successivement.


Sauver la planète


L'équation est simple et incontournable : le taux global de prélèvement humain sur la Terre est devenus supérieur - et de beaucoup - à la capacité naturelle de renouvèlement des ressources prélevées. Nous sommes donc dans une logique générale de pénurie. Il nous faut donc diminuer tous nos prélèvements, tant matériels qu'énergétiques. Il y a trop d'humains sur Terre et ils consomment chacun beaucoup trop, en moyenne.


Il faut donc que la démographie globale décroisse grâce à des actions de contrôle des naissances, d'eugénisme positif et d'incitation à la stérilisation volontaire.


Il faut aussi forcer toutes les économies en changeant de logique d'imposition. Il s'agira de ne plus taxer du tout les revenus ou les bénéfices, mais d'imposer fortement toutes les dépenses consommatoires des entreprises et des ménages. En pratique, cela revient, par exemple, à rendre payants tous les services aujourd'hui gratuits, et à augmenter drastiquement les taux de TVA.


Décroître l'économie matérielle et les endettements


L'endettement des Etats est catastrophique.

Le nouvel impôt sur les dépenses permettra aux Etats de se financer mieux, mais cela ne suffira pas.

Il faut que les Etats cessent tous les assistanats et tous les services gratuits. Pour que cette transformation n'engendre pas d'émeutes ou d'insurrections, il faut, en contrepartie, instaurer le principe d'une allocation universelle, financée intégralement par la TVA.

Il faut ensuite instaurer le principe "l'Etat ne fait rien, mais il fait tout faire". Cela conduit à la défonctionnarisation totale et radicale de toutes les activités de l'Etat : zéro fonctionnaire.

Il faut enfin instaurer le principe "L'Etat ne possède rien mais il fait tout gérer". L'Etat vend donc toutes ses possessions, mais soumet ces ventes à certaines conditions de paiement, d'entretien et de gestion des biens vendus.


L'endettement des ménages est alarmant et croissant.

L'allocation universelle va dans le bon sens, mais ne suffira pas.

En taxant fortement les dépenses, les ménages deviendront nécessairement terriblement économes et sortiront ainsi de la spirale infernale de l'endettement : en tout, consommer moins. Et pour favoriser cette évolution, il convient d'interdire toute forme de publicité, sous quelque forme que ce soit : la seule communication commerciale admise est l'usage d'un site Internet passif.


L'endettement des entreprises doit être jugulé.

Il faut éradiquer le mythe absurde de la croissance des entreprises et revenir au principe de Schumacher : "small is beautiful". Ainsi sont réduites au strict minimum indispensable les activités bancaires et capitalistiques. Dans le même logique, les activités boursières doivent disparaître car elles sont désormais inutiles : triomphe de l'économie réelle sur l'économie spéculative. Il faut remarquer que l'effondrement des activités spéculatives induit une rémunération faible de l'épargne et constitue donc une incitation indirecte non pas à consommer (les dépenses sont lourdement taxées), mais à investir dans les biens durables de haute qualité.


Développer les économies immatérielles et démonétisées


Face à la décroissance nécessaire et vitale de l'économie matérielle, il convient de développer d'autres circuits de production de réelle valeur d'usage.


Il faut développer l'économie immatérielle dans toutes ses dimensions selon le principe : faire beaucoup mieux en tout avec beaucoup moins en tout, grâce à toutes les formes d'intelligence.

Cette logique économique revient à rémunérer le "avec beaucoup moins", c'est-à-dire toutes les applications de l'intelligence aux économies de matières et d'énergies, et à rémunérer le "beaucoup mieux", c'est-à-dire toutes les applications de l'intelligence à inventer de la qualité de vie et de la joie de vivre.


Il faut aussi développer ces circuits économiques alternatifs qui constituent les économies démonétisées. Cela permet de plus diversifier et de mieux répartir les risques économiques en favorisant toutes les formes de troc, de gratuité, de bénévolat, de mécénat, d'autarcies partielles individuelles ou communautaires, etc … Toutes les transactions démonétisées ne peuvent faire l'objet d'une quelconque taxation puisque les taxes rémunèrent la planche à billets. Cette non taxation est évidemment un bon facteur stimulant pour le développement des ces indispensables économies alternatives.


Conclusion


On le comprend, nous allons tout droit vers un nouveau modèle économique global. Ce passage sera difficile. Il pourrait induire des mouvements insurrectionnels ou belliqueux qui devront être canalisés. L'allocation universelle parait pouvoir désamorcer les problèmes sociaux internes. Quant aux guerres potentielles, la meilleure défense est l'arrêt des productions, ventes, trafics et proliférations de toutes les armes, sous le contrôle ferme et musclé de l'ONU.


Si ce passage ne se fait pas au travers des Etats, il se fera contre eux. On serait alors dans une logique de guerre civile généralisée.

Les politiques auront-ils le sagesse de le comprendre et de prendre les mesures nécessaires ? Personne n'en sait rien. L'histoire des hommes montre deux phénomènes qui rendent pessimiste : jamais une institution quelconque ne s'est sabordée, jamais une crise majeure n'a été anticipée.

Advienne que pourra … par Marc HALEVY

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